Ile de Pâques, la mystérieuse – Chile

– Du 19 au 26 juin 2017 –

Quel voyageur n’a-t-elle pas fasciné ? Lieu mythique empli de mystères et d’hypothèses extravagantes sur l’origine de son peuple, abritant de célèbres monolithes devenus un cliché universel, nous avions très envie d’aller la découvrir. Nous n’avons pas été déçus !

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De son vrai nom Rapa Nui, l’île de Pâques est l’île la plus éloignée de toute terre habitable : 3700 km des côtes du Chili, auquel elle est rattachée, 2000 km des îles Pitcairn, 4000 km de Tahiti. Elle est longue d’à peine 23 km sur 12 km de large. Un petit bout de terre perdu au milieu de l’océan, mais passionnant. Après les photos, on vous raconte l’histoire de cette île et de son peuple, car elle nous a fascinée.

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L’île peut se visiter assez vite pour les pressés. Vous pouvez facilement en faire le tour en 3 jours, en voyant les principaux sites d’intérêt. Mais vous manquerez alors beaucoup de choses et n’aurez pas le temps de vous imprégner de l’atmosphère si particulière qui règne ici !

Nous y avons passé une semaine et ça nous a semblé bien pour profiter, découvrir, sans se presser. Principalement à pied, parfois en stop et une journée avec une voiture de location pour assister au lever de soleil à l’autre bout de l’île.

Ici il n’y a qu’une ville, Hanga Roa, avec ses 3800 habitants, très agréable avec ses maisons basses, ses hibiscus géants et frangipaniers. Sur tout le reste de l’île, il n’y a quasiment aucune habitation, seulement des pâturages pour les nombreux chevaux en liberté, quelques vaches, des cultures d’ananas, céréales, légumes et bien sûr de nombreux sites archéologiques.

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Sur les hauteurs de Hanga Roa

A la sortie de l’avion : arrivée à la polynésienne avec collier de fleurs. Changement radical d’ambiance par rapport à l’hiver chilien !

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Notre camping, chez Benjamin

Rues de Hanga Roa et le cimetière très fleuri

Exposition de sculptures

Les nombreux chevaux et chiens de l’île en liberté

Frangipanier, littoral (pas de barrière de corail donc les vagues viennent se briser sur la côte)

Parc de Hanga Roa avec les bustes des signataires de l’accord d’annexion de l’île au Chili en 1888 et fleur d’hibiscus

Eglise de Hanga Roa et le prêtre aux couleurs locales. Chants traditionnels le dimanche !

Deuxième petit port de Hanga Roa

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Deux choses qui nous rappellent que nous sommes toujours au Chili : la langue espagnole et les empanadas !

Célébration de San Pedro, saint patron des pêcheurs avec repas offert à tous !

Voici en photos les sites que nous avons visité.

L’ahu est le nom donné à la plateforme sur laquelle reposent les moais, ces fameuses statues.

Lever de soleil à l’Ahu Tongariki

C’est le plus grand alignement de moais : 15. Majestueux, dos à la mer comme tous les moais sauf ceux de l’Ahu Akivi. A voir absolument pour le lever du soleil : magique, quand le soleil apparait entre les statues et forme des raies de lumière.

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Grotte Ana Kai Tangata

Quelques peintures rupestres dans une grotte de lave et surtout un magnifique spectacle de la mer venant s’engouffrer dans la baie.

L’ancien village d’Orongo et le cratère du volcan Rano Kau

C’est dans ce village que se pratiquaient les rites du culte de l’homme-oiseau et à partir d’ici que les concurrents se lançaient à l’assaut des îlots au large pour ramener le 1er oeuf de l’année.

Ancien village d’Orongo. Les îlots sont ceux où la compétition pour aller chercher l’oeuf avait lieu

Concurrents des rites de l’homme-oiseau

A visiter de préférence le matin pour avoir une meilleure lumière.

Rano Kau est le volcan qui se trouve juste à côté du village d’Orongo. Le cratère du volcan est impressionnant : parfaitement rond, large de 1600 m et profond de 200 m. Une étroite brèche est présente côté mer et le fond du cratère est composé de dizaines de petits lacs couverts de totora (des joncs). Tous les 7 ans, dit-on, certains s’ouvrent, d’autres se referment.

Le volcan Rano Kau

Ahu Vinapu

On y voit un mur de style « inca » avec des jointures parfaites entre les pierres. Cet ahu fit fantasmer Thor Heyerdahl qui suggéra que les ancêtres des pascuans pourraient être originaires d’Amérique du Sud.

La grotte Ana Kakenga

Avec 2 ouvertures au bout de la grotte donnant sur la mer.

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Jardin entouré de pierres devant l’entrée de la grotte. Les pierres étaient utilisées pour atténuer l’effet du vent sur les plantations

Ahu Te Peu

La grotte Ana Te Pahu

C’est la plus grande grotte de l’île, plusieurs centaines de mètres de longueur, habitée jusqu’en 1938. C’est un tunnel de lave, formé lors d’une des éruptions de l’île : lorsque le magma, déjà en partie refroidi, se met à se figer en surface, il continue à s’écouler de manière souterraine par ce large boyau.

Volcan Terevaka

Parfait pour une randonnée, l’ascension de ce volcan, jusqu’au point culminant de l’île à 511 m, permet d’avoir une vue à 360°.

Au sommet du volcan et la grotte de Makemake, ancien dieu

Ahu Nau Nau et plage Anakena

C’est sur cette plage qu’aurait débarqué le roi Hotu Matu’a. C’est une belle plage de sable blanc avec une cocoteraie plantée en 1960, originaire de Tahiti. Parfait pour un bain sous l’oeil des moais de l’ahu Nau Nau.

Ahu Te Pito Kura

Sur cet ahu a reposé le plus grand moai de l’île jamais érigé (9,80 m sans son chapeau), nommé Paro. Il repose face contre terre, brisé en son milieu, suite à une guerre tribale, tout comme de nombreux autres moais de l’île.

Ahu Te Pito Kura et pierre magnétique

Carrière et volcan Rano Raraku

C’est d’ici que 95 % des moais de l’île viennent. Bien que fragile et poreuse, sa roche faite de tuf et de cendres compressées procure un excellent matériau pour la sculpture. Ce site est exceptionnel, avec les 397 statues inachevées, abandonnées ou cassées. Certaines sont encore fixées au flan du volcan. On a l’impression que le site a été abandonné subitement, presque en plein travail.

La carrière et les nombreuses statues inachevées

Le volcan Rano Raraku

Carrière de Puna Pau

C’est le site d’où l’on extrayait la roche rouge pour sculpter le pukao (couvre-chef des moais).

Vue de la carrière et pukao laissés à l’abandon

Papa Vaka

Le plus important site de pétroglyphes de l’île.

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L’ahu Akivi

Le soleil illumine les statues en fin d’après midi. Elles représentent les 7 explorateurs envoyés en éclaireur avant l’arrivée du roi Hotu Matu’a. Ce sont les seules statues de l’île tournées vers la mer et non dos à elle.

L’ahu Tahai pour le coucher de soleil

Très près de Hanga Roa, parfait pour une fin de journée devant un beau spectacle.

Un peu d’histoire…

Un certain nombre de faits que l’on va vous donner sont sujets à controverses. Nous avons sélectionné des informations qui se recoupent, basées sur des études scientifiques et des déductions qui nous paraissent logiques. Néanmoins beaucoup de mystères entourent encore cette île.

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Les premiers pascuans

Les premiers habitants de l’île de Pâques semblent être arrivés des îles Pitcairn, Henderson et Mangareva, les îles les plus proches. Ce même peuple serait arrivé des îles de Polynésie occidentale (Fidji, Samoa, Tonga) puis orientale (îles Cook, de la Société et des marquises), à bord de canoës à double coque qui ressemblaient à une arche de Noe.

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La date de première occupation paraissant la plus fiable est l’an 900 après J.-C. La tradition orale pascuane évoque un roi polynésien vaincu, Hotu Matu’a, parti à la recherche d’une terre d’accueil, comme c’était la tradition. Il aurait débarqué avec sa femme et sa suite pour fonder la première dynastie de l’île. Chacun de ses 6 fils serait à l’origine des principales tribus. Il aurait auparavant envoyé en éclaireurs 7 fils de chefs, ultérieurement divinisés sous la forme de 7 moais, ces fameuses statues.

Les moais, les géants de l’île

Voilà la question que tout le monde se pose : pourquoi les pascuans ont-ils sculpté ces statues colossales et comment ont-ils fait pour les ériger ?

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Les moais sont des statues représentant des ancêtres de haut rang. Leur sculpture est donc l’expression d’un culte. Elles sont installées sur des plateformes, les ahu. On trouve sur les îles polynésiennes d’autres exemples de ce type, comme par exemple les plateformes des îles Pitcairn sur lesquelles étaient édifiés des temples, ou ces grandes statues de pierre des Marquises et des îles Australes. Tous ces monuments étaient taillés dans le même type de roche volcanique : tuf, scories rouges.

Les moais auraient commencé à être érigés vers l’an 1000 après J.-C. Au fil du temps, leur taille et leur forme se sont modifiées : les statues sont devenues plus grandes (avec même l’apparition tardive du pukao, ce chapeau de tuf rouge sur la tête des statues les plus riches), plus rectangulaires, plus stylisées.

Pour transporter les moais, il n’y a aucune certitude quant à la méthode utilisée par les pascuans. Les statues ont pu être en position verticale (théorie inspirée d’une tradition orale décrivant les moais marchant vers leur plateforme) ou couchées, déplacées avec un traineau de bois, sur une voie de rondins lubrifiés, ou à l’aide de barres transversales. La théorie la plus convaincante est l’utilisation de rails en bois reliés entre eux par des traverses.

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Une fois sur place, les moais devaient être érigés sur la plateforme, l’ahu. La tradition orale nous en apprend beaucoup à ce sujet, confirmée par des expériences menées sur place récemment. Les insulaires construisaient une rampe de pierres légèrement inclinée jusqu’à l’avant de la plateforme. La statue allongée y était tirée, base vers l’avant. Une fois la base au pied de la plateforme, ils soulevaient la tête de la statue de quelques centimètres à l’aide de rondins, glissaient des pierres sous la tête afin de la maintenir dans cette nouvelle position, puis continuaient de soulever la tête, rapprochant ainsi la statue de la verticale. Le pukao était sans doute érigé en même temps que la statue elle-même, les deux éléments étant montés ensemble dans le même châssis.

L’île de Pâques était divisée en 11 ou 12 territoires appartenant à un clan ou une lignée, partant de la côte pour s’étendre vers l’intérieur (à la façon d’un gâteau divisé en parts). Chaque clan érigea entre 1 et 5 ahu surmontés de statues. L’augmentation de la taille des statues laisse penser qu’il s’est instaurée une concurrence entre les commanditaires des statues, qui les utilisaient pour rivaliser entre eux.

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La fin du culte des moais (des années 1680 au milieu du XIXème siècle) a entrainé leur renversement. Elle est sûrement liée à des guerres intestines pour la suprématie et à une surpopulation chronique (on estime qu’il a pu y avoir jusqu’à 15 000 habitants, contre 3800 aujourd’hui). Les rivaux brisaient les statues d’un chef pour l’affaiblir. Cette période de destruction, à partir de 1680, s’est accompagnée de cannibalisme et de changements dans les pratiques religieuses. Un nouveau culte fondé sur l’ancien dieu créateur  de l’humanité Makemake a vu le jour. Il se tenait dans le village d’Orongo et a produit son propre style artistique, surtout sous la forme de pétroglyphes (gravures sur la roche). Chaque année, ce culte organisait un concours : il faisait s’affronter les hommes à la nage, dans les eaux froides et infestées de requins d’un détroit d’1,5 km de l’île de Pâques à un îlot. Ils devaient ramener le premier oeuf de la saison pondu par un oiseau migrateur, la sterne fuligineuse, revenir à la nage sur l’île, l’oeuf intacte. Le gagnant était consacré « homme-oiseau de l’année ».

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Et la déforestation ?

Incontestablement, la déforestation a été massive, entrainant la disparition totale des arbres de l’île. A l’origine (avant l’arrivée des premiers hommes), Pâques était recouverte de nombreuses espèces d’arbres et habitée de plusieurs espèces d’oiseaux terrestres. C’était également un site privilégié de reproduction de plus de 20 espèces d’oiseaux marins. Au fil des siècles, l’ensemble des arbres a disparu, il n’y a plus eu aucun oiseau terrestre et seules quelques espèces d’oiseaux marins venaient encore y nicher pour pondre, mais seulement sur les îlots entourant l’île et plus sur Pâques elle-même.

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Les arbres ont été utilisés pour transporter et ériger les moais, pour construire des pirogues permettant d’aller pêcher en haute mer, pour le feu, pour incinérer les corps des défunts et pour sans doute de nombreux autres usages. Pour différentes raisons climatiques, géographiques et démographiques (notamment le fait que l’île soit une petite terre isolée, à faible pluviométrie, avec une faible fertilité des sols, la déforestation…), la repousse de nouveaux arbres était compromise, ou lente.

Suite à ces changements environnementaux, la population a commencé à voir se réduire les ressources alimentaires, d’autant plus que la fabrication, le transport et la mise en place des moais requéraient une nourriture abondante pour les ouvriers (environ 30 % de plus de nourriture était nécessaire pour ce travail). Le régime alimentaire des pascuans s’est donc modifié au cours du temps : disparition de la viande d’oiseau terrestre, de marsouin (péché auparavant en haute mer), consommation de coquillages de plus en plus petits et moins appréciés, au profit notamment de la viande de rat, arrivés sur l’île clandestinement par les pirogues.

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Voilà l’histoire très résumée d’un peuple qui a accompli des prouesses (navigation sur un vaste océan, sculpture et érection de statues géantes avec des outils rudimentaires), mais qui a fini par entrainer sa chute en détruisant son environnement. Privés d’arbres, les habitants n’avait donc même plus l’échappatoire de l’émigration. Ils ne pouvaient plus se construire de pirogues résistantes aux conditions en haute mer.

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Pour la suite de notre voyage, nous restons au beau milieu de ce vaste océan. Nous prenons la direction d’un petit bout de paradis : la Polynésie Française.


La vidéo

 

4 commentaires sur « Ile de Pâques, la mystérieuse – Chile »

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