– Du 11 au 13 décembre 2017 –
Nous voici dans la capitale cambodgienne pour 3 jours, courte étape avant de continuer notre chemin vers le sud du pays. Après les temples d’Angkor, témoignage d’un passé ancien, Phnom Penh nous fait découvrir la sombre période des Khmers rouges et le nouveau visage du pays.
Au confluent du Tonlé Sap et du Mékong, la ville est devenue capitale du Royaume à l’époque de l’Indochine française. Cette présence française a laissé en héritage de nombreux bâtiments à l’architecture européenne et coloniale.
Confluence du Tonlé Sap et du Mékong
En 1975, la ville compte 2 millions d’habitants. Le 17 avril, elle tombe sous la coupe des Khmers rouges du Kampuchea démocratique et fut évacuée de force. Ses habitants devaient partir travailler sur des fermes rurales en tant que nouveaux citoyens ou « nouveau peuple », désignés ainsi parce que considérés comme nouveaux arrivants par rapport à ceux qui habitaient déjà la campagne. La ville fut ainsi vidée de la quasi-totalité de ses 2 millions d’habitants et laissée à l’abandon pendant 3 ans, 8 mois et 20 jours.
Les Khmers rouges furent chassés de Phnom Penh par les vietnamiens le 7 janvier 1979 et les gens commencèrent à retourner dans la ville. Quatre-vingts pour cent des habitants d’avant guerre ont péri par suites des exécutions, tortures et privations pendant les années khmères rouges. Après presque 4 années d’abandon, les infrastructures de la ville étaient gravement endommagées et ne fonctionnaient presque plus. La reconstruction fut d’abord lente puis prit un rythme plus soutenu à partir de 1991, date de signature des accords de Paris.
Le banh mi (sandwich vietnamien) à la façon cambodgienne
La ville connait depuis peu un développement anarchique, ne respectant aucun plan d’urbanisme. De nombreux bâtiments et édifices publics de l’époque coloniale ont été vendus, démolis et remplacés par des constructions récentes. La ville a ainsi perdu un peu du charme qui la caractérisait.
Enchevêtrement de fils, le drapeau national et le monument de l’indépendance (indépendance proclamée en 1953)
Après plusieurs années de guerre civile (de 1967 à 1975), les Khmers rouges prennent le pouvoir et mettent en place un régime connu sous le nom de Kampuchea démocratique. Entre 1975 et 1979, période durant laquelle ils dirigèrent le Cambodge, ils mirent en place une dictature d’une extrême violence chargée de créer une société communiste sans classes, purgée de l’influence capitaliste et coloniale occidentale ainsi que de la religion. Son principal dirigeant fut Saloth Sâr, plus connu sous le nom de Pol Pot.
Le régime Khmer rouge s’est rendu coupable de nombreux crimes de masse, en particulier de l’assassinat de plusieurs centaines de milliers de cambodgiens selon les estimations minimales. Un programme d’étude sur le génocide cambodgien évalue lui le nombre de victimes à 1,7 à 2 millions soit 1/5 à 1/4 de la population du pays.
Le devoir de mémoire nous a conduit à visiter la prison Tuol Sleng, également appelée S-21 et son musée du génocide. Ce fut une visite très prenante, une confrontation à l’horreur du génocide.
Cette prison, qui était à l’origine un lycée français, fut l’une des 190 prisons du régime Khmer rouge. C’est la plus tristement célèbre étant donné que seulement 7 personnes en sont ressorties vivantes à la libération sur les 14 000 y ayant été incarcérées en 4 ans. La plupart des victimes de cette prison sont des cadres du régime lui-même, victime de purges répétées en son sein. Les Khmers ont transformé les lieux en ajoutant de petits murs dans les classes pour en faire des cellules exiguës.
Les couloirs, les vestiges d’une salle de classe et la vue sur Phnom Penh derrière les barbelés anti-suicide
Cellules et entrée d’une salle de détention
Ici, adultes, enfants et même bébés ont été exécutés dans des circonstances horribles. Les détenus étaient torturés pendant de longues heures jusqu’à ce qu’ils avouent enfin des crimes qu’ils n’avaient pour la plupart pas commis. Aux yeux des Khmers rouges, il n’y avait pas d’innocents, tous étaient des ennemis.
Lits de torture et photos des détenus
Photo des dirigeants Khmers rouges, Pol Pot en 2ème en partant de la gauche
Traduction du règlement de la prison
Depuis, le Cambodge essaye tant bien que mal de se reconstruire. Les Khmers rouges ont grandement freiné le développement de l’éducation et de l’économie et ont fait disparaitre la quasi-totalité des têtes pensantes du pays. Aujourd’hui encore, le gouvernement est composé d’anciens Khmers rouges non repentis. Le développement est principalement porté par les ONG qui tentent de guider le pays vers l’autonomie.
Recette d’ailleurs
AMOK
On vous présente dans cet article la recette du plat national cambodgien, que vous pouvez décliner au poisson ou au poulet : le amok.
Ingrédients (pour 4 personnes)
- 500 g de poisson en filet
- 1 tige de citronnelle
- 1 échalote
- 1 petit piment
- 1 grosse rondelle de galanga (racine épice ressemblant à du gingembre)
- quelques feuilles de citronnier ou bergamote (4 ou 5 )
- quelques feuilles d’épinard
- 1 salade batavia
- 1 brocoli préalablement coupé en dés
- basilic thai ou coriandre
- nuoc mam
- 1 tiret de poivre
- 400 ml de lait de coco
- feuille de bananier ou feuille d’aluminium pour la cuisson à la vapeur en papillote
- 3 cuillères à soupe de cacahuètes grillées hachées
Préparation
- Couper le poisson en dés, saler avec 2 cuillères à soupe de nuoc mam (praoc mam au Cambodge), poivrer.
- Mixer la citronnelle, le galanga, l’échalote et les feuilles de citronnier le plus fin possible (en Asie, on pile au mortier) et mélanger à la crème de coco.
- Préparer la papillote ou plusieurs individuelles, avec au fond : feuilles d’épinard, chou, batavia puis mettre les cacahuètes hachées, le poisson et verser le lait ainsi que les aromates.
- Parsemer de filets de piment et de basilic.
- Refermer bien hermétiquement.
- Cuire en papillote à la vapeur pendant 15 mn.
Et voilà c’est prêt ! Bon appétit.